Autorité, décision, action, influence… et les relations qui font tenir le tout
Voilà, pour la plupart d’entre nous les vacances sont terminées. C’est le moment de reprendre le rythme, et pour moi aussi de retrouver le plaisir d’écrire et de partager quelques réflexions. J’espère que mes articles sauront éveiller votre intérêt et, surtout, susciter vos réactions : c’est dans l’échange et l’interaction que ces sujets prennent tout leur sens. Après quelques semaines passées en famille, où les dialogues sont parfois passionnés mais toujours instructifs, je me surprends à voir des parallèles entre la gouvernance et les relations familiales : autorité, décisions, action, influence… tout y est ! Cette analogie me rappelle que, qu’il s’agisse d’une famille ou d’une entreprise, les tensions, les dialogues et les compromis font toute la richesse du système.
Pour cette rentrée, je souhaite explorer un thème fondamental : la gouvernance dans un monde complexe et interconnecté, où la dynamique interne d’une organisation est directement influencée par des facteurs externes, notamment la géopolitique.
L’autorité – Les actionnaires
Tout commence avec l’autorité fondatrice, incarnée par les actionnaires. Leur investissement donne naissance à l’organisation et définit ses règles du jeu. Ils élisent les administrateurs, approuvent les grandes orientations et fixent le cadre de légitimité.
Mais cette autorité ne vit pas seule : elle alimente la décision, qui sera prise par le conseil d’administration, et doit tenir compte des pressions externes, comme les fluctuations des marchés ou les tensions géopolitiques.
🔎 Point pratique : pour un administrateur ou un dirigeant, comprendre l’horizon d’investissement des actionnaires est crucial. Les fonds spéculatifs attendent un rendement rapide, tandis que les investisseurs de long terme privilégient la résilience face à l’incertitude internationale.
La décision – Le conseil d’administration
Le pouvoir de décision appartient au conseil d’administration, qui transforme l’autorité en orientation stratégique. Il arbitre entre options parfois contradictoires, et fixe le cap que les gestionnaires devront suivre.
Mais le conseil ne décide jamais en vase clos : il doit intégrer les informations remontées par les gestionnaires, tenir compte de l’influence des parties prenantes externes et anticiper les effets des crises géopolitiques. Ainsi, la décision se situe toujours à l’intersection de l’autorité, de l’action et de l’influence.
🔎 Point pratique : un conseil efficace challenge les hypothèses, prévoit des scénarios alternatifs et évalue les risques financiers, sociaux, environnementaux, et géopolitiques. C’est lui qui transforme la légitimité des actionnaires en stratégie solide et résiliente.
L’action – Les gestionnaires
Les gestionnaires portent le pouvoir d’action. Ils traduisent les décisions du conseil en plans opérationnels concrets et mobilisent les équipes pour les réaliser.
Mais leur action est étroitement liée à la décision et à l’autorité : une décision floue ou mal communiquée complique la mise en œuvre, tandis qu’une autorité trop distante ou trop pressante peut démotiver les équipes. Les gestionnaires doivent aussi intégrer l’influence externe : contraintes réglementaires, attentes clients, fluctuations des marchés, et impacts géopolitiques.
🔎 Point pratique : l’action doit être alignée, mesurable et souple. Elle repose sur la réactivité face aux crises et sur la capacité à remonter l’information vers le conseil pour ajuster la stratégie.
L’influence – Les parties prenantes
Autour de ce triangle (actionnaires–conseil–gestionnaires) s’exerce un pouvoir d’influence multiple :
• Collaborateurs, syndicats et équipes internes.
• Clients, partenaires commerciaux et marchés internationaux.
• Régulateurs nationaux et internationaux, médias et opinion publique.
L’influence agit comme un amplificateur ou un correcteur de la décision et de l’action. Elle est d’autant plus critique dans le contexte géopolitique actuel : sanctions internationales, perturbations des chaînes d’approvisionnement ou volatilité des marchés peuvent influencer la perception et le comportement des parties prenantes.
🔎 Point pratique : anticiper et intégrer cette influence transforme un risque potentiel en opportunité stratégique, par exemple en renforçant le dialogue social ou en ajustant la communication avec les clients internationaux.
Les relations entre les parties prenantes
La gouvernance n’est pas une pyramide statique : c’est un réseau vivant de relations.
• Les actionnaires délèguent mais observent les impacts des crises mondiales sur leurs investissements.
• Le conseil arbitre en conciliant rendement, vision de long terme et résilience stratégique.
• Les gestionnaires adaptent l’action aux contraintes internes et externes.
• Collaborateurs et clients réagissent aux incertitudes économiques et politiques.
• Les régulateurs internationaux fixent des limites nouvelles.
Ces relations sont dynamiques, parfois conflictuelles, parfois coopératives. L’art de la gouvernance consiste à transformer les tensions en dialogue et les divergences en équilibre durable.
🔎 Point pratique :
• Mettre en place un dialogue structuré avec toutes les parties prenantes.
• Maintenir la transparence sur les impacts géopolitiques et les mesures prises.
• Identifier les zones de friction et préparer des stratégies d’atténuation.
Conclusion
La gouvernance n’est pas un organigramme rigide : c’est un équilibre vivant entre :
• l’autorité qui fonde,
• la décision qui oriente,
• l’action qui réalise,
• et l’influence qui ajuste.
Sa solidité repose sur la qualité des relations entre tous les acteurs, un peu comme dans une famille : chacun a un rôle, chacun a une influence, et c’est dans le respect et l’écoute mutuels que tout fonctionne.
Dans un monde géopolitiquement instable, gouverner, c’est moins imposer que composer avec des intérêts multiples, anticiper les tensions externes et maintenir un cap clair.
👉 Et vous, dans vos expériences, comment percevez-vous l’impact des relations et de la géopolitique sur la gouvernance ? Quelles stratégies avez-vous mises en place pour maintenir équilibre et résilience ?
Certified Board Member | Governance - Risk Management | International Experience in Auditing and Compliance
1 sem.Collège des administrateurs de sociétés Institut Français des Administrateurs (IFA) Nedcommunity AMRAE - Management des Risques et des Assurances de l'Entreprise Le Collège du Dirigeant LA PEÑA BUSINESS CLUB ALFI - Association of the Luxembourg Fund Industry