GITEX Africa : un bel événement… mais peut mieux faire
GITEX Africa, organisé à Marrakech, est en train de devenir un événement important pour la technologie en Afrique. C’est un grand rassemblement où l’on retrouve des ministres, des grandes entreprises, des startups prometteuses et des investisseurs venus du monde entier. On y parle d’intelligence artificielle, de fintech, d’agritech, de cybersécurité… L’objectif est clair : montrer que l’Afrique peut être un acteur important dans l’innovation mondiale.
Mais quand on regarde de plus près, on se rend compte que tout n’est pas aussi parfait qu’il y paraît. Si GITEX Africa veut vraiment aider le continent, il y a encore du travail à faire.
Le salon met en avant des idées importantes comme le développement durable, les technologies vertes, et la lutte contre le changement climatique. On voit des stands sur l’énergie solaire, l’agriculture intelligente, la gestion de l’eau. C’est très bien. Mais en même temps, l’événement lui-même consomme beaucoup : des milliers de personnes prennent l’avion, beaucoup de matériel est transporté, les stands utilisent énormément d’électricité, et on imprime beaucoup de documents.
Alors on peut se demander : est-ce que GITEX Africa compense les émissions de CO₂ ? Est-ce que les exposants utilisent des matériaux recyclés ? Est-ce qu’on trie les déchets ? Pour l’instant, ces informations ne sont pas faciles à trouver. Si l’événement veut être vraiment écologique, il faut qu’il montre ce qu’il fait concrètement, pas seulement en parler.
Un autre point important, c’est l’accessibilité. Oui, il y a des startups africaines présentes. Mais la réalité, c’est que participer à GITEX Africa coûte cher : billets d’avion, hôtels, frais d’inscription… Tout le monde ne peut pas se le permettre, surtout les petites structures, les jeunes sans soutien, les femmes entrepreneures, ou les personnes venant des zones rurales.
Si GITEX Africa veut vraiment représenter toute l’Afrique, il doit offrir plus d’opportunités : des bourses pour participer, des stands gratuits pour les projets sociaux, un accès en ligne pour ceux qui ne peuvent pas voyager, et un soutien pour les écosystèmes locaux souvent oubliés.
Autre remarque : beaucoup de technologies présentées sont très modernes et impressionnantes – des robots, des drones, des applis intelligentes… Mais sont-elles vraiment utiles pour les gens sur le terrain ? Est-ce qu’on parle assez des vrais problèmes : accès à l’eau, à l’éducation, aux soins, à Internet dans les zones isolées ? Ou est-ce qu’on essaie surtout de briller devant les investisseurs ?
L’innovation, ce n’est pas juste ce qui est nouveau ou spectaculaire. C’est ce qui peut vraiment améliorer la vie des gens. Parfois, une solution simple, pas chère et bien adaptée à la réalité locale est plus utile qu’un gadget high-tech. GITEX Africa gagnerait à mettre en valeur aussi ce type d’innovations.
Pour les startups, participer à GITEX est un gros investissement. Est-ce que ça vaut le coup ? Parfois oui, quand on repart avec un contrat ou un partenariat. Mais parfois non, quand les contacts pris ne donnent rien. Pour améliorer ça, l’événement pourrait proposer plus d’accompagnement : des rendez-vous organisés avec des investisseurs, du mentorat, un suivi après le salon. Il ne faut pas que ce soit juste une belle vitrine.
Et pour le Maroc, que reste-t-il après l’événement ? Marrakech profite pendant quelques jours : les hôtels, restaurants et taxis tournent à plein régime. Mais après ? Est-ce que ça crée des emplois durables ? Est-ce que les jeunes Marocains y trouvent leur place ? Est-ce que les universités locales sont impliquées ?
Pour que GITEX Africa ait un impact réel, il faut penser à l’après. Organiser des hackathons dans d’autres régions, soutenir des incubateurs locaux, lancer des programmes de formation, ce sont des actions qui peuvent faire durer les bénéfices du salon toute l’année.
En résumé, GITEX Africa est un événement très prometteur. Il donne de la visibilité à l’Afrique, attire l’attention du monde, et crée une belle dynamique. Mais pour devenir un vrai moteur de changement, il doit aller plus loin : plus d’inclusion, plus d’impact, plus de lien avec les réalités locales.
L’Afrique mérite un événement à la hauteur de ses défis. Un GITEX Africa plus juste, plus vert, plus humain serait une vraie force pour le futur.