Journée mondiale de l’ergothérapie : l’interview de Morgan Gertsch

Journée mondiale de l’ergothérapie : l’interview de Morgan Gertsch

Premier ergothérapeute clinicien spécialisé du CHUV titulaire du Master en santé, Morgan Gertsch co-préside depuis janvier un groupe composé de 90 infirmier-es, sages-femmes, physiothérapeutes, diététicien-nes et TRM clinicien-ne-s spécialisé-es. A l’occasion de la Journée mondiale de l’ergothérapie célébrée le 27 octobre de chaque année, entretien avec Morgan Gertsch.

 

La Journée mondiale de l’ergothérapie, …un jour spécial ?

Oui c’est spécial car dans le monde entier, le même jour, des ergothérapeutes saisissent cette occasion pour promouvoir la profession. Cela prend des formes très diverses mais il y a deux buts communs : partager des messages au-delà des rangs de la profession, et se réjouir ensemble de l’exercer.

C’est vraiment important d’attirer la lumière des projecteurs sur l’ergothérapie, de la rendre visible, parce que la profession reste encore assez méconnue.

Les ergothérapeutes exercent en milieu hospitalier, à domicile ou en cabinet, aussi bien pour des problématiques physiques qu’en santé mentale, et mobilisent une très large palette de moyens d’action. Par ailleurs notre profession s’appuie sur peu de protocoles car elle est centrée sur l’activité des patients et nos interventions sont co-construites avec eux, ce qui est parfois déstabilisant pour les collègues d’autres professions. Rendre notre action intelligible est donc un vrai enjeu.


Le thème pour l’édition 2024 est « L’ergothérapie pour tous ». Quel sens donnez-vous à ce slogan ?

L’ergothérapeute intervient aussi bien auprès des nouveau-nés que des personnes très âgées - nous avons récemment pris en soin une dame de 106 ans -, donc à tous les âges de la vie.

Notre approche est pertinente sitôt qu’une atteinte à la santé impacte les activités de la vie quotidienne ou la participation sociale, donc dans des situations très variées comme un AVC, des difficultés scolaires, un traumatisme physique suite à un accident ou un trouble psychique par exemple.

Enfin, nous avons un rôle à jouer dans la prévention également. Je me souviens par exemple d’ergothérapeutes impliqués dans un programme de prévention des chutes, avec une intervention auprès des personnes à risque et même des conducteurs de bus.


L’association mondiale des ergothérapeutes souhaite rendre visible le développement de la profession. De quoi parle-t-on ? Quelles évolutions connaît l’ergothérapie ?

La profession connaît des tendances de fond, elle est notamment de plus en plus tournée vers les sciences de l’occupation. On pourrait illustrer cela ainsi : pour une personne dont l’objectif est de pouvoir à nouveau se raser seule, nous avions autrefois tendance à entraîner des fonctions comme la dextérité, la préhension fine ou la capacité d’apprentissage à l’aide d’exercices qui étaient souvent décontextualisés de l’activité elle-même. Aujourd’hui, on préférera dans la mesure du possible entraîner le rasage en le pratiquant directement, et mobiliser in situ les fonctions requises pour l’accomplir. Simultanément, nos pratiques évoluent avec l’intégration progressive de technologies nouvelles, comme la réalité virtuelle par exemple.

Plus récemment, nous voyons aussi émerger des développements en lien avec la durabilité environnementale. D’une part parce que nos patients peuvent être affectés par des problèmes de santé induits par l’environnement lui-même. Et aussi parce que les ergothérapeutes sont en position d’accompagner la population soignée vers des changements de mode de vie favorables à l’environnement puisqu’ils agissent sur la personne, avec ses rôles et habitudes de vie, son environnement et ses activités quotidiennes.


Vous co-présidez un groupe de cliniciens spécialisés composé d’environ 90 membres et vous y êtes le seul ergothérapeute. Dans la collaboration interprofessionnelle, qu’est-ce que l’ergothérapie et les autres professions ont en commun ? Sur quoi peuvent-elles avancer ensemble ?

Nous avons comme objectif commun de délivrer des soins centrés sur le patient, ses besoins et ceux de ses proches. C’est notre ADN. Chaque profession, avec son domaine d’expertise et ses outils spécifiques, apporte sa contribution. Nous voulons tous la même chose : permettre aux personnes soignées de gagner en santé, en qualité de vie, en indépendance. Et nos professions partagent beaucoup d’enjeux en commun, nous pouvons donc réfléchir ensemble à la manière de surmonter une problématique clinique que chacun rencontre dans son domaine, ou préparer l’avenir. Au sein du groupe des cliniciens spécialisés du CHUV, nous traitons par exemple de thématiques comme l’intelligence artificielle, la fin de vie, l’intégration des proches aidants dans les soins, les synergies entre secteurs somatiques et psychiatrie, la politique sanitaire, les mesures de l’expérience des soins vécus par les patients, etc.

 

Pour quelles bonnes raisons des jeunes choisiraient l’ergothérapie comme profession aujourd’hui ?

Premièrement parce que c’est une magnifique profession, avec une dimension humaine très importante et qui ne sera jamais remplacée par des robots.

Deuxièmement parce qu’il y aura toujours du travail, toujours besoin de nous, toujours des personnes qui devront réapprendre à mener une vie la plus satisfaisante possible après un problème de santé.

Enfin, parce que l’ergothérapeute exerce rarement seul et que la collaboration avec tous les autres acteurs professionnels est d’une richesse incroyable.

 

Si vous deviez adresser un message à la population en général, ce serait… ?

Je dirais :

L’ergothérapeute est le bon professionnel lorsqu’il s’agit de regagner de l’indépendance pour les activités de la vie quotidienne, lorsqu’elles sont impactées par une maladie, un accident ou un handicap. Nous sommes là pour vous ! 


Et à vos collègues ergothérapeutes dans le monde entier ?

Soyons fières et fiers de notre profession, de notre impact significatif sur la vie des personnes dont nous nous occupons, et continuons à nous développer !


Contenu de l’article


Félicitations, fière de toi et de notre job 🤩

Riad KRIM

Docteur en médecine à L"Aeroport D'Alger

10 mois

Très informatif

Florence Carrea-Bassin

Professeure associée chez Haute école de santé Fribourg | Hochschule für Gesundheit Freiburg

10 mois

Magnifique entretien bravo! J’ai toujours apprécié collaborer avec toi 😉

Michelle Monin

Ergolife-Attitude: Conseil en prévention -Analyse de poste/ Maitre d'enseignement HETSL filière ergothérapie

10 mois

Félicitations pour cet entretien , merci de faire rayonner notre métier

Laura Martins-Denervaud

Master of sciences in nursing sciences MScN - Specialist clinical practionner (ICLS) - Nutritionnist/ Nutritherapeute

10 mois

Magnifique Morgan ! Quel plaisir de pouvoir collaborer avec toi dans un meme objectif commun !

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