Le COVID-19 est-il un laboratoire d'expérimentation pour accélérer la transformation des métiers ?

Le COVID-19 est-il un laboratoire d'expérimentation pour accélérer la transformation des métiers ?

On sait aujourd’hui que l’intelligence artificielle, les robots conseil ou autres types de robots, les plateformes collaboratives voire même les Start-up forment un ensemble d’innovations qui transformeront les métiers de trois manières : l’enrichissement de certains métiers ou tâches, l’automatisation de certains métiers ou tâches, et l’organisation du travail ou plutôt la réorganisation du travail.

La distanciation sociale imposée par la crise épidémique du COVID-19 accélère-t-elle la transformation des métiers, en d’autres termes est-ce réellement un terrain test exceptionnel pour entrevoir ce qui va se passer sur le marché du travail dans 20 ans ?

Dans un sujet d’actualité comme celui-ci nous livrons notre sentiment sur la question, ces remarques sont loin d’être exhaustives, il ne s’agit que des premières pierres sur cette question centrale et libre à chacun d’approfondir tel ou tel aspect, si tant est que ces aspects sont jugés pertinents ce que je ne prétends pas non plus. 

Avec les robots et l’intelligence artificielle et dans un univers où la donnée va prendre de plus en plus de poids dans la valeur d’une économie, un monde fondé presque exclusivement sur la connaissance peut être compatible avec le confinement ou la distanciation sociale au sens où le métier peut continuer normalement. Avec des outils puissants et des innovations de type intelligence artificielle, le confinement pourrait permettre la continuité de la gestion multicanale. Finalement, si la distanciation inhérente à l’épidémie est essentielle, on peut aussi réfléchir à une distanciation intelligente.

Commençons par les métiers principalement manuels et routiniers. Avec l’automatisation, ces métiers ne vont pas pouvoir poursuivre l’activité en mode confinement car il y a souvent une relation directe humaine en chaîne dans un procédé de fabrication physique. Une possibilité pour ces métiers est de refondre le modèle économique pour rester chez soi et détenir par exemple un droit de propriété sur la création de richesse. Le confinement lié au COVID-19 pose cette question. En clair, une caissière depuis chez elle ou un ouvrier « automatisé », aurait un droit de propriété sur la création de richesse du magasin ou du chantier. La caissière serait rémunérée de cette façon-là. Ce sont des débats assez connus dans le monde des innovateurs mais l’épidémie la pose avec urgence et acuité. Ce sont aussi des métiers qui risquent de disparaître. De nombreux métiers sont concernés : les saisies manuelles de données, certains ouvriers du bâtiment, les caissiers, mécaniciens, guichetiers, Taxis peut être, et même d’ailleurs certains médecins pourtant très fortement qualifiés car ils ont une composante manuelle au contact des patients. Dans ce dernier cas, on peut imaginer que certaines innovations médicales distancient le médecin de son patient (télémédecine etc…). Je n’ai pas dit que cette société est particulièrement souhaitable. J’y reviens, personnellement pour le médecin je ne le souhaite pas ni aujourd’hui ni dans 20 ans.

D’un autre côté, les métiers plus cognitifs et moins routiniers,   les métiers de conseil ou des services, ou certains métiers de front office, la distanciation ne remet pas en cause la continuité normale de l’activité (en théorie) grâce à l’intelligence artificielle (de géomarketing pour le directeur d’agences par exemple), le télétravail en général, ou le « télé-quelque-chose »… 

En conclusion, le confinement montre qu’il existe des métiers cognitifs et peu routiniers ET qui grâce à l’utilisation de technologies peuvent continuer d’exercer normalement. A l’autre échelle les métiers très manuels et peu cognitifs ne pourront pas continuer comme avant. En fait l’automatisation qui menace l’emploi nécessite une refonte du mode de rémunération (détenir un droit de propriété sur la même activité pour être rémunéré à distance, revenu universel ???) ou un virage professionnel à 180°.

La distanciation imposée légitimement aujourd’hui devrait accélérer la transformation des métiers et chacun devra d’une certaine façon adopter les bons comportements, les bonnes formations pour améliorer son niveau de vie. C’est le volet « compétences nécessaires » face à cela. Utiliser de plus en plus d’outils innovants, d’interactions en temps réels, agiles, grâce à la visioconférence, les plateformes interactives, la formation à distance pour n’utiliser que les termes les plus simples, tout cela pourrait alors refonder une nouvelle société. Finalement toute crise est aussi une formidable opportunité pour prévoir le monde de demain. Une destruction créatrice en rupture à la Schumpeter, ou une transformation à la marge à la Lavoisier, chacun y voit de son intérêt. La recherche devra, elle, répondre aux deux questions suivantes :

(1)              La distanciation est-elle une bonne chose pour la cohésion sociale ?

(2)              Le télétravail (pour rester sur cet exemple) améliore t-ils les performances des entreprises. 4 couples de réponses sont possibles en fonction de ce que l’on estime être important dans le futur.     

najib benjelloun

Formateur et Conseiller en Insertion Professionnelle

5 ans

C'est une thématique essentielle En effet, il était quasiment impossible de faire évoluer la moindre réflexion sur la marche du monde et des humains dans le vacarme de la politique politicienne du court terme, des guerres provoquées, et du tribunal de toute idée nouvelle Le virus est arrivé, à bas bruit personne ne peux l'affirmer, en tout cas cas il est là il décime, affolé les dirigeants du monde qui nous nous dessinent déjà un Après, alors qu'on est dedans, l'après dessiné est le déni de la crise mondiale et universelle En ce qui concerne quel travail pour demain, en effet la question se pose cette fois dans le silence des rues désertes, Oui le numérique est la pour nous rappeler ces heures de vie tuées dans les métro, les trains et les voitures, et ces lieux de travail où de souffrance au travail, pseudo bureaux, open space,... Oui on peux travailler pour certains à"distance " Sans les souffrances du transport, public ou individuel, faire des économies en temps, argent, pollution et surmenage De nouvelles relations professionnelles à créer, imaginer et de nouveaux rapports au travail, au patron et à soi Dur de sortir du conditionnement, ça ne fait que deux semaines de "liberté imposée" mais j'ai commencé à penser À suivre

Charles Gopoure

Assistant juridique chez MaitreData.com

5 ans

C'est déjà le cas avec MaitreData dans les domaines juridiques

Harold Crico

J’anime la communauté d’entrepreneurs du Village by CA Martinique-Guyane pour faciliter l’accélération et la structuration de leurs entreprises 🏝️☀️

5 ans

Après avoir lu votre article ... Je serai plutôt tenté de dire que la crise sanitaire que nous traversons est au contraire un "laboratoire d'expérienceS pour repenser la transformation exacerbée de certains métiers" ! Pour prendre l'exemple des métiers routiniers que vous avez cité, j'ai du mal à imaginer notre quotidien actuel sans les hôtes et hôtes de caisse des super/hyper marchés, ou encore sans les pharmaciens.nes. des officines que nous fréquentons. Le droit de propriété sur la création de richesse ? Dans le milieu de la grande distribution ? Je pense que cela est peu probable voire utopique. Si une crise sanitaire peut être un argument de taille favorable à cette hypothèse, elle favorise également la disparition de ces métiers et ce serait dommage surtout lors que l'on voit l'efficience des caisses automatiques aujourd'hui ... Pourquoi ne pas repenser le format de distribution en "imposant" le Cick&Collect pour plus de sécurité pour tous ? Quant aux métiers dits "cognitifs", loin d'être moins routiniers que les métiers précédemment cités. Et même dans le secteur du conseil. Ils continent, en effet, pour certains d'exister, mais pour combien de temps ? Une fois que nous aurons justement atteints les limites cognitives et humaines des personnes en mission ? Les missions réalisées par les consultants ne sont elles pas basées sur les fonctions "manuelles" des entreprises ? La réalité économique finira par rattraper ce secteur également. La dimension humaine doit restée une priorité dans l’exécution des différentes tâches.

francine fasseur

Chargée de Mission - Département Emploi Entreprises

5 ans

Merci pour cet article. Je suis certaine que demain sera différent d'hier mais je souhaite surtout que notre nouvelle société reste dans l'humain, qu'elle soit tournée vers la solidarité. La mondialisation nous montre ses limites. La consommation au niveau local se développe surtout sur les campagnes, beaucoup refont leur jardin, cherchent l'autonomie. J'espère que notre demain sera meilleur !!!

didier Cozin

La formation tout au long de la vie (FTLV)

5 ans

Très intéressant. Mon idée est qu'il faut refonder le travail et la notion de salariat. Il sera extrêmement difficile à l'avenir de salarier des travailleurs et il serait logique et équitable de casser les statuts et les barrières (temoins des siècles passés).

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