Qu’est-ce qu’on attend pour financer les transitions sur les territoires ?
Diagnostic en cinq points clés par French Impact (Extrait Baromètre Finance à impact septembre 2021 cliquer ici pour retrouver la totalité du rapport)
Mégafeux, crise Covid, Gilets jaunes…qui pourrait croire à un retour au « business as usual » faisant fi du changement climatique ou des inégalités qui éclatent au grand jour ? Face à la contre-performance du modèle actuel au plan économique, social et environnemental, la transformation de notre modèle s’impose. Economie circulaire, mobilités douces, autonomie, réussite éducative, alimentation durable…dans tous ces secteurs clés pour la transition, des initiatives, souvent issues de la société civile, foisonnent sur les territoires.
Finance verte, investissement socialement responsable, impact investing… au-delà de leurs différences, toutes ces approches convergent vers le financement de l’économie réelle « responsable », voire de l’économie à impact. L’économie réelle - rappelons qu’étymologiquement économie signifie administration de la maison - c’est celle dont l’utilité est perceptible par ces habitants, notamment des populations qui se sentent délaissées, et qui crée des emplois visibles, locaux, ancrés dans un territoire.
Mais si les projets foisonnent et que les financements existent, comment se fait-il que le modèle n’évolue pas plus rapidement ? Comment résoudre cette asymétrie entre ces fonds disponibles et les retombées réelles, rapides sur les territoires ? Notre expérience auprès de 27 collectifs territoriaux et plus de 600 projets à impact social et environnemental nous a conduit à identifier cinq freins majeurs à lever.
Côté entrepreneurs ou porteurs de projet, nous devons d’abord réduire la méconnaissance des outils de financement (billets à ordre, prêt participatif, fond propre…) et le manque de lisibilité de la chaîne de financement. En raison de leur taille souvent modeste, ces structures pâtissent d’un manque de temps, de ressources et de compétences pour utiliser les outils financiers ou suivre un process de levée de fonds. A ce titre, citons une préconisation très opérationnelle sur le renforcement des compétences gestions des organisations, et des avantages de ressources mutualisées, dans le rapport sur le financement de l’innovation sociale coordonné par Jérome Schatzman en 2020.
Connexe à cette méconnaissance relative des outils financiers mobilisables, nous avons aussi constaté une véritable barrière culturelle au sein des porteurs de projets, une forme de diabolisation de la finance. Perte de contrôle, perte de valeurs, les risques existent. Mais ils peuvent se réduire en s’adressant aux investisseurs qui sont concrètement engagés dans l’impact (et qui communiquent leurs critères) et en sachant poser ses limites, propres à chaque entrepreneur. En rapprochant ces deux univers, un dialogue se noue, la confiance se construit et les postures tombent. Créer des conditions harmonieuses de coopération et d’échanges requiert un accompagnement à court et moyen terme de ces initiatives de terrain.
Côté investisseurs, une vertu cardinale du métier est de dé-risquer et d’aller vers les projets les plus connus, ceux qui connaissent un peu les « ficelles » et savent déjà bien se vendre. Sourcer des projets de territoire, dont on a vu précédemment qu’ils rentrent rarement dans les fourches caudines des fonds, nécessite du temps et une connaissance du terrain. Et c’est pourtant une nécessité que d’entretenir ce terreau d’initiatives innovantes si l’on veut faire émerger de futures « licornes sociales et environnementales ». C’est d’ailleurs un des objectifs du programme Impact Finance de French Impact en coopération avec de nombreux acteurs de terrain tels France Active ou la Banque des Territoires, et en partenariat avec trente fonds d’investissements à impact.
Ce qui nous a également marqué, c’est le faible niveau d’interaction et d’articulation entre tous les financeurs d’un même territoire – fondations d’entreprises, crowdfunding, banques, business angels, agences publiques comme l’ADEME, et fonds d’investissements. Donner un cadre de rencontre sur une base très concrète, c’est-à-dire autour de projets locaux en recherche de financements, permet à ces financeurs de « s’articuler », favorise le co-investissement y compris public-privé, et donne plus de lisibilité à toute la chaîne.
Enfin, « pour changer de modèle changeons de mesure » titrait le parlement des entrepreneurs d’Avenir en 2012. Les indicateurs purement financiers sont inadéquats, d’une rationalité trop normative et obsolète dès lors qu’on vise à transformer le modèle. Mais alors, comment objectiver qu’une organisation œuvre concrètement pour les transitions et est efficace dans son domaine ? Comment accompagner et outiller les porteurs de projets ? Comment mesurer son impact de manière lisible ? Cette question est plus que jamais d’actualité avec le débat sur la définition de l’impact - rappelons que la mission de Finance for tomorrow, mandatée par Bercy, rendra prochainement ses conclusions - l’émergence d’une comptabilité durable, les travaux de grands groupes au sein du cercle de Giverny ou encore le combat de la France et de l’Europe sur les normes extra financières. A ce stade, nous nous risquons à une conviction : l’intérêt de construire une grammaire commune liant mesure d’impact et Objectif du Développement Durable, sujet sur lequel l’OCDE a lancé une grande étude dans le champ de l’Economie Sociale et Solidaire. Gageons que les participants au Forum 3 Zéro partageront cette conviction !
Directrice Générale du French Impact
Entrepreneuriat social, création de Communs, coopérations réussies, gouvernance partagée, concertation entre tous les êtres
3 ansDorothee Browaeys
ESG & Sustainable Transformation Leader | Board & C-Level Advisor | Driving Innovation, Tech for Good & Impact at Scale
3 ansPaul Bresteaux
Co-Founder and CEO at Impaakt | Stakeholder-powered sustainability
3 ansOn est prêt pour le point n°5 ! La mesure d'impact collaborative alignée avec les ODD et accessible à tout le monde gratuitement, c'est ici : www.impaakt.com
Impact VC - Fund Manager - co founder makesense invest - foster impact through finance
3 ansD’où l’importance d’alier accompagnement et financement. Merci pour cet article
Présidente, Alter Equity
3 ansMerci Stéphanie GOUJON et toute l’équipe Le French Impact de votre action au service d’un monde plus humain et plus durable, que nous soutenons également avec ardeur avec toute l’équipe d’Alter Equity