Un véritable succès pour Faire la Métropole bio-inspirée
Ce séminaire, qui a regroupé près de 350 inscrits, est la « première graine » du partenariat de Recherche et Développement « Faire la Métropole bio-inspirée » signée entre le Laboratoire de recherche LISST-CIEU (1) et Toulouse Métropole le 7 février 2020. Ce partenariat a pour ambition d’insuffler une démarche universitaire partenariale associant acteurs publics et privés pour imaginer une méthodologie renouvelée permettant de faire la ville de demain en mettant l’enjeu de la santé environnementale, dont humaine, au cœur des préoccupations.
L’objectif est alors double :
- adapter la ville pour maintenir des conditions de vie acceptables dans la perspective des bouleversements annoncés par les différents scénarios du GIEC (2)
- concilier notre développement avec celui des autres espèces pour enrayer le déclin de la biodiversité telle que démontrée par l'IPBES (3)
La nature en ville offre de multiples services écosystémiques (nourriture, protection, éducation, …), et quoi de plus évident que de s’inspirer des « Principes du vivant » (4) pour au final vivre dans une plus grande harmonie avec la Nature ?
Quels étaient les attendus et le déroulé de ce séminaire ?
Ce premier temps d’échange avait pour ambition de présenter aux partenaires :
- les premiers éléments de réflexion produits par l’Université Toulouse Jean Jaurès sur un urbanisme bio-inspiré, cadre des travaux des étudiants en Master « Urbanisme et aménagement », sous la Direction de Benoît Boldron
- le témoignage de professionnels ayant déjà initié des démarches biomimétiques dans le domaine de l’architecture, de l’aménagement ou encore de l’approche systémique territoriale.
Et au final, que les étudiants, futurs urbanistes, soient les essaimeurs de graines d’un nouvel urbanisme inspiré du vivant.
Faire la Métropole bio-inspirée : table ronde 1
Le « Manifeste pour une Métropole bio-inspirée » édité par les étudiants à l’occasion de ce séminaire détaille les 20 graines d’un urbanisme inspiré du vivant. La Graine mère énonce « La Métropole bio-inspirée est conçue comme un tout qui fonctionne de manière systémique. Elle s’inscrit dans un système large à l’image de l’écosystème naturel. »
D’autres graines détaillent que, à titre d’exemple :
- la Métropole bio-inspirée est un territoire diffus et polymorphe, composé d’écotones urbains, riches en diversité car à la croisée des systèmes.
- par inspiration de l’organisation de certains insectes, l’organisation des acteurs se fonde sur le principe de la « Coopétition » permettant d’associer, en milieu concurrentiel, les professionnels de la promotion et de la construction autour de projets coopératifs, notamment de régénération de la biodiversité.
Emmanuelle Parache (Fondatrice de Biocenys) propose que le Vivant soit l’évaluateur des objectifs inscrits en sa faveur dans les politiques urbaines (Plan d’urbanisme, Plan Climat). Pour cela, il est possible d’utiliser des espèces sentinelles,qui réparties dans la ville et répertoriées annuellement, sont de remarquables marqueurs de biodiversité et de bonne santé environnementale.
Par inspiration d’un des Principes du vivant « La Nature adapte sa forme à la fonction », Eric Gosset (Directeur urbanisme, Toulouse Métropole) interroge l’évolution des mobilités et l’occupation des espaces dédiés à la voiture au sein des résidences : quelles mutabilités des espaces pour répondre aux futurs enjeux ?
Dans le projet d’aménagement bio-inspiré de la feuille qu’il conduit à Erbil (Kurdistan irakien) Uli Seher (Architecte fondateur de BRS Architectes Ingénieurs, Professeur) présente les multiples avantages, dans ce contexte géographique et historique, de privilégier un tracé urbain permettant de développer un réseau d’approvisionnement en eau inspiré des nervures. Comparé à un système en boucles, il améliore les écoulements et la capacité de stockage souterraine, et facilite l’organisation du phasage du projet urbain. Dans cette inspiration et par observation de la feuille de tilleul sur laquelle des pertes en eau se produisent aux intersections, il a été pointé la nécessité d’ombrager plus intensément les sites sous lesquels se divisent les réseaux.
Questionner le Partage des habitats : table ronde 2
L’analyse s’appuie sur une enquête (6) réalisée dans un ensemble de 150 logements construits à Toulouse en 2016 dans le cadre d’une opération d’aménagement ayant retenu le développement de la biodiversité comme objectif spécifique. L’étude montre comment les relations des habitants à la biodiversité varient dans l’espace résidentiel selon le partage de l’espace entre public-privé et participent au bien-être des habitants.
Elle témoigne que si 80 % des habitants voient la nature comme une source de bien-être, plus d’un tiers d’entre eux souhaite cependant limiter la proximité de leur logement avec des « animaux non choisis ». Pour préserver la biodiversité dans le temps, voire l’enrichir, l’étude conclue notamment sur la nécessité d’inscrire la richesse de la biodiversité dans les réglements de copropriété afin de rendre collégiale toute éventuelle décision d’atteinte aux espèces présentes.
Laurent Nicolas (Directeur territorial Icade), rappelle que dans un contexte de croissance des populations urbaines et de lutte contre l’étalement des villes, la construction de logements pour être nécessaire n’en impacte pas moins fréquemment négativement la biodiversité. La question est alors de savoir comment la construction de logements pourrait favoriser la régénération de la biodiversité ?
Jerome Farcot (Directeur Territorial Groupe 3F) témoigne du réel effet levier que peut générer un grand Groupe comme 3F (750 000 locataires), avec à titre d’exemple leur démarche de qualification des usages et de redéfinition de la place donnée à la nature dans les 600 ha d’espaces verts qu’ils entretiennent. En gardant comme objectifs complémentaires le lien social et la maîtrise des coûts de gestion.
L’approche biomimétique permet de renouveler les pratiques et de fédérer les acteurs, en témoignent la démarche conduite en interne du Groupe Icade par Ana Maria Cartier (Responsable développement Grands Projets, Icade) et celle initiée par le collectif d’experts nouvellement créé, le BiomimCity Lab en articulation avec le Centre Européen d'Excellence en Biomimétisme de Senlis CEEBIOS
Paléficat, quartier régénérateur dans la métropole bio-inspirée : table ronde 3
Tout en maintenant l’objectif d’accueil en cours de 6 000 logements sur le quartier Paleficat, les étudiants proposent de mettre en œuvre dès à présent le Zéro Artificialisation Nette des sols : 3 430 logements seront réalisés sur les terres déjà artificialisées de Paléficat, et 2 940 logements seront essaimés sur des « Zones de réciprocité urbaine » à savoir des secteurs fortement anthropisés de Toulouse Métropole (zones commerciales de périphérie, terrains militaires,...).
Ainsi, la préservation de près de 100 ha de terres naturelles sur Paléficat permettra une mise en maraîchage pouvant fournir environ la moitié des déjeuners quotidiens des écoles primaires toulousaines. Dans les interstices urbains seront implantées des Tiny forest : création de forêts denses à croissance rapide, selon la méthode du Pr. Akira Miyawaki
L’application du « Droit à la croissance du bâti » permet d’anticiper le renforcement des fondations afin de surélever à moyen terme les nouveaux bâtiments, qui passeront de R+4 à R+8 pour maintenir l’accompagnement de la dynamique démographique, et cela sans artificialiser les sols.
Une « Foncière du dernier étage » sera chargée de piloter la mise en œuvre de ces extensions verticales, par l’acquisition des derniers étages et par la mise en place d’un nouveau modèle économique : cette foncière finance le surcoût des fondations et se rembourse in fine sur une partie de la plus-value générée par la vente des m² créés. Dans le neuf comme dans le diffus ancien éclot un nouveau métier, le « Fertiliseur urbain », qui aura pour charge de convaincre les copropriétaires d’appliquer le Droit à la croissance des bâtis, via la présentation d’une modélisation financière et technique.
Paul Boulanger (Président fondateur de PIKAIA ) présente la Métropole bio-inspirée comme un écosystème territorial au sein duquel les flux horizontaux d’équilibre avec les villes moyennes notamment, dessinent une morphologie territoriale évolutive. La Métropole bio-inspirée devient contributive plutôt que prédatrice. Les « Zones de réciprocité urbaine » viennent par exemple corréler le développement immobilier de la métropole au réinvestissement dans les villes moyennes en perte d’attractivité résidentielle.
Valérie Garrigues (Responsable qualité, Oppidea) témoigne des démarches d’innovation en cours dans le monde de l’aménagement, en rappelant l’importance d’inscrire tout projet dans son contexte territorial et temporel, et de poursuivre les efforts pour améliorer la capacité de co-construction de la ville.
Architecture et aménagement urbain biomimétiques : Grand témoin
Les plantes sont la source d'inspiration principale d’IN SITU architecture, l'agence fondée par Nicolas Vernoux-Thélot, architecte DPLG. Leur analyse permet de reproduire les mécanismes sous-jacents de la biodiversité en termes de résilience écologique, robustesse et efficacité énergétique.
Un des 6 projets présentés est une opération d’aménagement urbain scénarisé par un algorithme dimensionnant l’emprise au sol des bâtiments, les espaces libres, en fonction de l’écosystème existant et sa capacité résiliente à intégrer du bâti. Cela afin d’obtenir un quartier biomimétique dont le bilan écologique est équivalent à celui qui le précède.
Quelles suites donner à ce séminaire ?
Un groupe de chercheurs au sein du Centre Interdisciplinaire d’Etudes Urbaines (LISST-CIEU dirigé par Corinne Siino), a initié un travail interdisciplinaire sur la bio-inspiration urbaine. D’autres temps d’échanges seront programmés dans la temporalité du Partenariat de Rercherche et Développement « Faire la métropole bio-inspirée » couvrant la période 2020-2022. Contact : Benoit Boldron
(1) Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités Sociétés, Territoires – Centre Interdisciplinaire d’études urbaines (2) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (3) Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (4) Principes du vivant définis par le Professeur Janine Benyus, Université du Montana (5)APTER : Action locale et Projets de Territoires, Master urbanisme et aménagement, parcours dirigé par Mariette Sibertin Blanc (6) VIHATE : Ville Habitat et Transition Ecologique, Master urbanisme et aménagement, parcours dirigé par Fabrice Escaffre (7) Enquête mandatée au Master VIHATE par Toulouse Métropole, et dirigée par Fabrice Escaffre. 120 questionnaires de 72 questions ont été analysés.
Urbaniste OPQU - Maître de conférence et Chercheur associé - Responsable Habitat à Toulouse Métropole
5 anshttps://www.linkedin.com/pulse/il-est-temps-de-donner-une-valeur-environnementale-%C3%A0-notre-boldron/
Directrice d’activité Communication Groupe des Chalets
5 ansUn compte rendu nécessaire et claire qui permet de poursuivre les réflexions et démarches initiées ! Bravo Benoit BOLDRON !
|| Rendre durable & désirable votre projet ||
5 ansFlorence BAZZOLI
Innovation NatureTech et ingénierie écologique
5 ansMerci Benoît pour ton travail de rassembleur de compétences si diverses autour de la thématique!
Experienced co-founder x4 B2B and B2C @Cobratex #composites #lightweight #carbonsink #lessCO2 #tech4Climate #greenTech #Impact #biomimicry #bamboo
5 ansOn pense naturellement à planter du bambou comme puits carbone ... #lessCo2 #carbonsink et pourquoi pas utiliser les fibres et leur potentiel d'allégement dans les #composites des transports publics urbains : bus, métro, tramway, .... #tech4climate #greentech #cleantech #natureconomics mais également dans les systèmes constructifs de nouveaux bâtiments #béton