Covid-19 : aujourd’hui… et demain ?

Qui aurait pu penser voilà encore quelques mois que nous devrions faire face à une telle situation et à des temps si incertains ? Avec cette épidémie de coronavirus, nous vivons une crise sanitaire sans égale au XXIème siècle : plus de 100 000 décès enregistrés dans le monde à ce jour sans que l’épidémie ne soit encore jugulée.

Il s’agit d’une situation inédite, en particulier pour le secteur de la santé qui est en première ligne, et pour notre Groupe, dont le rôle est important dans tous les pays où il est présent. 

En France, nous avons dépassé les 15 000 décès, et 2 régions en particulier sont durement touchées : l’Île-de-France et le Grand Est.

Depuis le passage officiel de notre pays au stade "épidémie" à la mi-mars, les hôpitaux et cliniques de Médecine-Chirurgie-Obstétrique (MCO) ont annulé toutes les interventions chirurgicales non urgentes. Les équipes ont réorganisé les établissements pour créer des zones Covid-19 et ont constamment augmenté la capacité des services de réanimation, allant même jusqu’à en créer ex-nihilo. 

À ce jour, 46 de nos établissements MCO ont admis jusqu’à 1 250 patients Covid+, dont 350 patients en réanimation. Ces patients arrivent directement, via les services d’urgence de nos propres établissements, ou depuis les hôpitaux publics.

En Île-de-France, nos établissements ont accueilli jusqu’à près de 900 patients Covid+, dont 250 en réanimation. 

Pour faire face à l’afflux sans précédent de patients, nous avons presque triplé notre capacité d’admission en réanimation.

Par ailleurs, le manque de soignants a été pallié par un formidable élan solidaire de collaborateurs volontaires venant de nos établissements dans les régions moins touchées. Cette solidarité s’illustre également au travers de la prise en charge de patients transférés dans des régions moins impactées, comme par exemple le pôle Toulouse qui reçoit des patients du Grand Est et le pôle Caen, qui reçoit des patients d’Île-de-France.

Aujourd’hui, alors que des patients commencent à sortir des services de réanimation ou des Unités de Soins Intensifs/Critiques, le nouveau défi auquel commencent à faire face les équipes hospitalières consiste à organiser en urgence nos établissements de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) ainsi que la formation des soignants aux besoins spécifiques de récupération pour les personnes qui sortent des soins intensifs ou de réanimation. 

À ce stade de l’épidémie, un nombre de transferts en forte croissance dans les jours et les semaines à venir est attendu.

Dans les pays scandinaves du groupe, si la crise sanitaire semble y être mieux circonscrite avec des chiffres moins alarmants, tous nos établissements sont également fortement mobilisés et travaillent en étroite collaboration avec les hôpitaux publics ainsi qu’avec les directions régionales et nationales de la santé.

En Suède, près de la moitié des patients Covid+ se trouvent dans la région de Stockholm où notre hôpital Capio St Göran accueille une part importante des patients infectés de la région avec plus de 100 cas de Covid+ et 11 en réanimation sur une capacité totale de 16 places. Nos activités de soins non urgents, comme les cliniques ophtalmologiques et orthopédiques, fonctionnent à un rythme plus lent en raison de la diminution du nombre de patients et du soutien apporté par le personnel aux soins des patients Covid+, notamment à l’hôpital de St Göran. Les établissements gériatriques de Stockholm ont converti la plupart de leurs capacités à la prise en charge des malades du Covid-19 et ont renforcé leur soutien aux soins avancés à domicile. Quant à nos 105 centres de soins primaires, ils se sont largement tournés vers les contacts virtuels avec les patients, avec une augmentation significative des contacts par chat ou vidéo.

En Norvège, les cliniques sont toujours ouvertes mais toutes les interventions chirurgicales lourdes ont été annulées, toutes les activités de physiothérapie ont été suspendues, l’activité non urgente réduite et la durée des consultations limitée à 15 minutes maximum. Nous soutenons activement le secteur public en assurant des soins de première ligne à Oslo, Bergen et dans d’autres villes. Et, nouvelle très positive, l’épidémie étant considérée comme maîtrisée, nous devrions rouvrir la chirurgie à partir du 20 avril. 

Au Danemark, le gouvernement a réquisitionné tout le personnel et le matériel d’anesthésie, afin qu’ils soient déployés en fonction des besoins de chaque région. En attendant, le secteur privé peut poursuivre les activités qui ne nécessitent pas d’anesthésie générale (les examens, les chirurgies avec anesthésie locale, les IRM). Et, aujourd’hui, comme annoncé par le gouvernement, commence un assouplissement progressif des restrictions.

En Allemagne, nos hôpitaux ont reporté toutes les interventions chirurgicales et hospitalisations non nécessaires, et travaillent aux côtés des hôpitaux publics pour prendre en charge les patients atteints du Covid.

L’Italie est le pays du groupe le plus touché par l’épidémie à ce jour. La seule clinique Ramsay Santé de ce pays, le Centro Ortopedico di Quadrante à Omegna (région du Piémont, au nord-ouest de l’Italie), spécialisé en orthopédie a pris en charge jusqu’à 83 patients Covid+ tout en manquant d’équipements de protection et de matériel médical. Dans ce contexte, le groupe s’est mobilisé pour lui venir en aide en lui fournissant différents médicaments et matériels en provenance de France et du Danemark (notamment du curare et des bloqueurs neuromusculaires non dépolarisants).  

La mobilisation de nos équipes, tant médicales qu’administratives, est tout simplement extraordinaire. Je tiens à témoigner de mon profond respect aux soignants courageux et dévoués de Ramsay Santé.

Il nous faut maintenant, en parallèle de la gestion de l’épidémie, penser à tous les autres patients. L’arrêt des interventions chirurgicales non urgentes risque de déboucher à plus ou moins court terme sur une aggravation des patients atteints de pathologies non Covid, notamment en cancérologie où les consultations et examens de détection sont arrêtés. Au-delà des interventions chirurgicales elles-mêmes, l’arrêt de certains types de consultation et examens pourrait représenter une "perte de chance" pour de nombreux patients. J’appelle de mes vœux une certaine reprise de l’activité de soins permettant de limiter au maximum ce risque de perte de chance.

Nous vivons des moments très difficiles. Et même si "nous sommes là pour cela", la mobilisation exceptionnelle des équipes de Ramsay Santé, et plus largement de l’ensemble du secteur hospitalier, fera que beaucoup de leçons seront à tirer une fois que l’épidémie sera derrière nous. Nous expérimentons des organisations, et nous créons des nouvelles solutions en permanence aussi. Toute l’expérience acquise en France et dans les autres pays européens du groupe devra servir de socle pour amender fortement l’organisation et le financement de la santé en France : capitaliser sur la coordination public/privé/médecine de ville, avoir une vision d’investissement et de financement à long terme (par rapport à une gestion comptable et annuelle de l’ONDAM), favoriser les solutions digitales, arrêter de gérer notre secteur en flux tendu. Et plus que jamais renforcer la place de la prévention dans notre système de santé. Il faudra débattre de ces premières pistes tous ensemble, et surtout agir.